Bernard Maris, Et si on aimait la France, Grasset, 2015, 142 p.
En décembre 2014, Maris a l’idée de ce livre, que son éditeur accepte. Le 2 janvier 2015, celui-ci reçoit par e-mail le premier jet du manuscrit, cinq jours avant la mort de l’auteur. Maris est connu comme iconoclaste des institutions (l’université, l’économie), comme économiste provocateur et paradoxal. On sait moins qu’il réfléchissait aux fondamentaux de notre société française, en lisant de plus en plus d’historiens et d’anthropologues. Son dernier essai vise en plein ce que les attentats de janvier ont questionné dans cette société française : qu’est-ce qui nous fait vivre ensemble, quels sont nos rapports aux étrangers, que souhaitons nous garder vivant de nos spécificités anciennes pour participer sans aigreurs à l’Europe et au monde ? Sans nostalgie, Maris nous parle de ce dont nous sommes héritiers dans nos rapports hommes/ femmes, dans nos rapports peuple/ élites nés au XVIIIe siècle. Il nous parle de ce que nous devons à des mondes paysans qui ne sont plus, de ce que nous construisons dans un monde urbain qui n’est plus ni ville ni banlieue. De ce que nous sommes comme descendants actuels de grands parents immigrés ou de grands parents autochtones paysans ou ouvriers.
« Revenant de Rome, ville où je pourrais définitivement vivre, je me sens plein d’optimisme pour la France et songe qu’un petit rien pourrait redonner à ce Paris si triste, si bruyant et qui fut autrefois si gai, son sourire. »
Un livre écrit avec mordant, bien sûr, mais aussi avec douceur et sympathie, pour un pays où, comme le dit le proverbe allemand, Dieu est heureux (Glücklich wie Gott im Frankreich).
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.