La guerre d’Algérie a été, pour toute la population rurale algérienne, une immense opération d’encadrement autoritaire. Une majorité de cette population rural n’avait pas d’état civil, donc pas de « papiers ». Comment la contrôler? Des noms de famille ont été attribués (arbitrairement) et des cartes d’identité délivrées, avec photo bien sûr. Les photographes de l’armée ont donc « tiré le portrait » de centaines de milliers de femmes (encore plus que d’hommes…), ce qui était une agression… D »autres bisasses de la guerre d’Algérie qui ont laissé des traces:http://alger-mexico-tunis.fr/?p=538
(extrait de « L’humanité », 30 avril 20020)
[…] Ami de l’écrivain Roger Vaillant, cette guerre de colonisation lui répugne. « Toutes ces femmes, dans leur absolue droiture, non seulement assument pleinement le regard que l’occupant fait peser sur elles, avec tout ce qu’il véhicule d’ignominie, mais surtout, elles nous le retournent », a-t-il l’occasion de répéter, lors des quelques 300 expositions de ses portraits devenus icôniques. Un peu trop exposés ? Un peu trop icôniques ? Peut-être…
« Elle est sortie de la cuisine, je l’ai rephotographiée »
Marc Garanger attendra d’ailleurs 45 ans pour, à la demande du quotidien le Monde, pour partir en 2004 sur les traces de ces femmes afin de les re-photographier. « Mais je n’avais aucun nom, explique-t-il. Je ne me souvenais que des lieux. » Les photos de 1960 sous le bras, il se souvenait : « Je rencontrais dans la rue essentiellement des jeunes gens qui n’avaient pas vécu la guerre et pour qui ça ne voulait quasiment rien dire. Mais d’un seul coup, en jetant un coup d’oeil à mes photos, il y en avait qui disait “celle-ci je la connais, elle habite là”. Il y en a même un qui a reconnu sa mère. Il l’a appelée. Elle est sortie de la cuisine et je l’ai photographiée dans l’instant. »
Et puis il y a eu, encore cinq ans plus tard, à la galerie Binôme, l’exposition des photos d’hommes, totalement inédites, que le photographe avait jusque-là écartées parce que, confiait-t-il à Photographie.com, « dans une guerre de rébellion, les hommes ont d’autres façons de se manifester : ils prennent les armes. On ne retrouve donc pas, dans leur regard, cette protestation si manifeste dans les portraits des femmes. Je n’ai pas voulu mélanger ces discours. Maintenant, je me dis que 50 ans après, il est temps de les montrer ». (c’est grâce à notre ami Habib, de Coup de soleil- Toulouse que j’ai retrouvé Marc Granger)
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