C’est Micheline Kouas qui en ce 3 mai 2020 nous annonce la mort du chanteur. Pour nous à Coup de soleil (et à Toulouse encore plus…), le lien avec le monde kabyle est particulièrement fort, en particulier parce que c’est de là qu’a commencé la constitution d’un monde franco-maghrébin, dès les années 1920. Danièle a retenu https://www.youtube.com/watch?v=Z_WEEh3I5OY&feature=youtu.be
« Je t’en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l’ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.
Le vieux enroulé dans son burnous
A l’écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S’instruisent des choses d’antan »
Traduction de A Vava Inova (Mon Petit Papa)
Micheline a retenu « sans ma fille » https://www.youtube.com/watch?v=F4BsUbh2dSY (le texte ci-dessous est tiré du journal Le Monde). Et Claudine nous envoie plus tard un duo de Idi: https://www.youtube.com/watch?v=Uh8qmQFRmmc
Fils de berger, né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, un village de Kabylie, Idir — de son vrai nom Hamid Cheriet — fait figure de héros pour la communauté kabyle, dont il n’a eu de cesse de défendre l’identité et la culture.
Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara et sa chanson en langue berbère Vava Inouva fait le tour du monde à son insu pendant qu’il fait son service militaire. « Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontait en 2013 à l’Agence France-Presse Idir, imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne.
Quand il quitte l’Algérie pour venir s’installer à Paris, en 1975, c’est sur la suggestion de la maison de disques Pathé Marconi. Il avait terminé son service militaire, ses études (DEA de géologie), alors pourquoi pas quitter ce pays « avec un seul parti, un seul journal, où l’on nous envoyait des profs pour nous enseigner les fondements du marxisme et faire de nous de parfaits petits révolutionnaires », raconte-t-il. « Je suis venu enregistrer un 33-tours avec A Vava Inouva, qui a bien fonctionné, et j’ai commencé à envisager de rester ici puisque la chanson m’avait choisi, mais toujours avec une valise prête à partir dans ma tête. »
Il disparaît de la scène pendant dix ans de 1981 à 1991, mais sa carrière est ensuite relancée. En 1999, il publie l’album Identités, sur lequel il chante avec Manu Chao, Dan Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès. En 2007, il avait publié l’album La France des couleurs, en pleine campagne pour l’élection présidentielle française marquée par des débats sur l’immigration et l’identité.
Après une absence d’une trentaine d’années, le baladin kabyle a présenté en tournée son album Ici et ailleurs, composé en majorité de duos, en 2017.
Dans une interview au Journal du dimanche, en avril 2019, il évoquait les manifestations populaires en Algérie et le départ d’Abdelaziz Bouteflika :
« J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique (…) J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».
Et le son et l’image; https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/05/03/le-chanteur-idir-l-un-des-principaux-ambassadeurs-de-la-chanson-kabyle-est-mort_6038485_3382.html
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