A la recherche de Boujemaa Souidani, né il y a 90 ans
Un révolutionnaire inconnu
Un personnage de la révolution algérienne nous hante, parce qu’il nous est proche, que nous ne savons presque rien de lui et parce que son sort est d’une grande banalité, même s’il appartient au panthéon des héros célébrés par le régime qui commande l’Algérie depuis 1962, voici un demi-siècle.
Nous savons que Boujemaa Souidani a donné son nom à de nombreuses rues d’Algérie, entre autre dans les beaux quartiers d’Alger (celle où se situe l’hôtel El Djezaïr, ex- St Georges), à Annaba (Bône), au stade de foot de Guelma comme au campus de l’université de cette ville, mais aussi à une localité proche de Kolea dans l’arrière pays de Tipaza. C’est qu’en effet il est guelmois, né en 1922. Pourquoi tant de célébrité ? Parce qu’il appartient au « groupe des 22 », Fils de la Toussaint, selon l’expression d’Yves Courrière dans son livre de 1968, dissidents du parti nationaliste algérien de Messali Hadj (PPA/ MTLD) qui se sont réunis en juin 1954 à Alger au Clos Salembier dans une villa bourgeoise.
Ils sont un peu comme les 12 apôtres du dogme chrétien. En révolte contre le réformisme du parti messaliste, alors en pleine crise, ils décident lors de leur réunion que le nationalisme algérien est acculé à la seule voie possible, la lutte armée, qu’ils organisent avec un nouveau sigle, le Front de Libération Nationale (FLN). Les témoins survivants relatent que c’est Souidani qui aurait prononcé la phrase décisive « oui ou non sommes nous des révolutionnaires ? Alors qu’attendons-nous pour faire cette révolution si nous sommes sincères avec nous-mêmes ? ». Tout laisse penser que cette réunion s’est déroulée en français et que Souidani était un des mieux placés pour exprimer dans cette langue la déclaration décisive. On nous parle aussi, sous une autre forme, « d’une intervention décisive de celui-ci, les larmes aux yeux, qui aurait pu achever de convaincre d’éventuels réticents ». A l’automne 1962, c’est aussi en français que le président Ahmed Ben Bella s’adressera à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York lorsqu’elle accueille ce nouvel Etat, la République algérienne.
La plupart des « 22 » proviennent des groupes de choc des messalistes, l’Organisation Spéciale. L’OS est née en 1947 en enrôlant de 1000 à 2000 militants (principalement dans le département de Constantine) qui se lancent dans l’action clandestine. Ils y ont appris les techniques du coup de main. C’est ainsi que le jeune Boujemaa devient responsable de la région Guelma, El Arrouch, Philippeville (Skikda). Puis, à 27 ans, en 1949, il est l’élément clé du petit groupe qui organise le hold up de la grande poste d’Oran : ils pénètrent dans celle-ci déserte, de bon matin, quand n’est ouvert au public que le guichet du télégraphe. Il faut que le coup de main soit attribué à la pègre marseillaise et Souidani peut au mieux (par sa figure, son accent et son comportement) passer pour un non « arabe ». Ils braquent les deux employés susceptibles de leur ouvrir le coffre-fort, mais l’un d’eux meurt sur le coup d’une crise cardiaque, l’autre hurle si fort qu’il faut l’assommer : donc plus personne pour accéder à ce coffre et les attaquants doivent se rabattre sur les quelques liasses de billets du tiroir-caisse et s’enfuir avec ce maigre butin. Souidani, recherché et condamné aux travaux forcés à perpétuité (par contumace), se réfugie non loin d’Alger, et là se marie en 1951 à la fille de l’hôte qui le cache, semble-t-il garagiste dont l’atelier accueille quelques fabricants de bombes artisanales. De ce mariage est née une fille, vivante en 2012, car pour la première fois elle apparait lors d’une commémoration en l’honneur de son père.
Au printemps 1954, les « 22 » se partagent les tâches du lancement de la révolte ; mettre en place une coordination générale, une représentation extérieure, organiser les six départements (wilaya) qu’ils délimitent pour couvrir le territoire algérien. Dans celles-ci, recruter des troupes, trouver des armes, choisir des cibles qui doivent être soit des casernes (pour y récupérer des armes), soit des « collaborateurs » notoires à « exécuter » (caïds ou élus pro-français). Souidani est affecté à l’arrière pays d’Alger. La coordination déclenche le mouvement le 1er novembre et en fait le bilan sera maigre : entre les régions où rien ne peut être organisé (ceux du Constantinois, dont Guelma, refusent de participer) et celles où les qui pro quo ou l’inexpérience font échouer l’action (arrière pays d’Alger), il n’y a finalement qu’une moitié des actions spectaculaires programmées qui ont lieu. Ce n’est en fait qu’en août 1955 que le FLN se fera réellement connaître, en particulier à Philippeville (Skikda), par des actions beaucoup plus brutale, objet d’une répression qui rappelle celle des mouvements de Guelma et Sétif en 1945.
L’année suivante, 1956, est celle du Congrès de la Soummam, qui réunit à grand peine en bordure de la Kabylie, en août, ceux des chefs de guerre du FLN qui ont pu venir : personne de l’Aures, trop étroitement contrôlé par l’armée française, ni de la représentation extérieure, qui deux mois plus tard sera d’ailleurs décapitée par l’opération de piraterie aérienne de la chasse française sur un avion civil marocain : Ben Bella et ses trois compagnons ayant décollé de Rabat pour Tunis atterrissent à Alger où ils sont incarcérés. C’est ces deux événements qui font connaître et donnent sa légitimité internationale au FLN. Boujemaa Souidani, si la chance l’avait laissé vivre quelques mois de plus, serait allé au rendez-vous de la Soummam, mais il meurt avant cette reconnaissance fondamentale de la révolution algérienne, car il se fait chopper le 16 avril à Kolea (près de Tipaza), dans son secteur d’opération. A un barrage de contrôle routier où son véhicule est arrêté, au lieu de se rendre, a-t-il cherché à fuir ou à combattre ? Il est abattu et devient un martyr de la révolution algérienne.
Les biographies de Souidani nous viennent d’internet (les hagiographies du FLN, mais de plus en plus des récits plus « vécus » et moins convenus), du livre de Mohamed Harbi (Aux origines du FLN, Christian Bourgois, 1975, p. 302), des livres de Benjamin Stora (Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, 600 portraits, L’Harmattan, 1985 ; les trois volumes de la thèse inédite de Jean Pierre Peyroulou, Guelma, 8 mai 1945: Une subversion européenne dans le département de Constantine, Algérie française, Le système colonial à l’épreuve des réformes politiques et du nationalisme. 2007, EHESS; Benjamin Stora et Bruno de Rochebrune, La guerre d’Algérie vue par les Algériens, vol. 1, Denoël, 2011, passim, voir index). Enfin sous la cote 93/ 4291, aux Archives d’outre-mer à Aix en Provence, on trouve un dossier de police pour le quel Jean-Pierre Peyroulou m’a orienté : dans les années 1940- 1960 la Préfecture du département de Constantine a archivé, par ordre alphabétique des intéressés, les données des renseignements généraux ou de la gendarmerie concernant les sujets musulmans « suspects ». L’intérêt de ce dossier est qu’il s’en tient aux « données » (sans aucun commentaire) récoltées au moment des événements décrits, ce qui donne à ces renseignements une fiabilité supérieure à ceux obtenus grâce à des souvenirs remémorés pendant des décennies.
Il vient d’une famille pauvre ou, plus précisément, il est fils d’une femme de ménage. Le mari de celle-ci, travailleur émigré en France, meurt en 1926 quand l’enfant a quatre ans et il est élevé difficilement par sa mère. Celui-ci fait des études et passe la première partie du bac : cela suppose que, hors de sa ville natale, il a été dans un lycée (interne à Bône ? Constantine ?) jusque vers 1940. Grâce à une bourse parce qu’il était brillant ? Peut-être aussi parce que le patron chez qui sa mère a travaillé a aidé à sa scolarité.
En quoi Boujemaa Souidani est-il « atypique » dans le panthéon des « 22 » ? Sans doute le fait qu’il ait poussé ses études aussi loin. A part lui nous connaissons un bachelier dans le milieu indépendantiste, Aban Ramdane (qui n’est pas des « 22 »). A ce niveau d’études secondaire, mais sans doute moindre, Abdelkader Lamoudi, d’El Oued, Hocine Aït Ahmed (en Kabylie ou à Alger), Ben Bella à Tlemcen. Deux algérois ont fait des études techniques au lycée du Ruisseau, Mohamed Merzougui et Mourad Didouche. Bachir Chahani (de Khenchela dans l’Aures) est le seul pour qui on signale des études poussées comme « lettré en arabe » et non pas dans le système français.
Il est très difficile de déterminer à quels niveaux sociaux appartiennent ces indépendantistes dont les « 22 » sont un échantillon : un tiers est dit « de famille aisée » et parmi ceux-ci quelques « familles de grande tente » déchues ou dépossédées. La plupart sont dans l’entre-deux de la toute petite classe moyenne moderne : fils d’instituteur ou d’employé de l’administration (communes mixtes…). Eux-mêmes sont dans ces métiers, mais aussi dans les tramways ou chemins de fer, ou à la poste. On peut penser que pour tous ceux que leur milieu familial, aisé et/ ou moderne, ou bien leur brio personnel, mettaient à l’aise dans cette société coloniale, le plafond de verre du système social rendait inimaginable toute promotion importante. C’est en pleine guerre, avec l’« intégration » proclamée par Jacques Soustelle en 1955, puis avec le Plan de Constantine et encore l’intégration prônée par De Gaulle en 1958, que les verrous sont sensés se débloquer, trop tard bien sûr. Souidani, dans l’entre-deux guelmois où s’entremêlent le petit peuple arabe et la bonne société française, est d’abord garçon de courses, puis ouvrier typographe (chez le même patron, Attias ?), sans doute le métier « ouvrier » le plus intellectuel… Le scoutisme musulman comme le sport (pour Souidani entre autres) a été une école de modernisme et de nationalisme, sans doute avant 1939. L’incorporation dans l’armée française (service militaire avant 1939, participation à la seconde guerre mondiale) a familiarisé plusieurs des « 22 » (dont Souidani) avec le système français dans lequel ils peuvent être sous-officiers, mais jamais officiers.
Parmi les « 22 », près de la moitié (au moins 9) sont morts « au combat », généralement avant 1958. Souidani, lui, meurt « les armes à la main » au printemps 1956: en moto, il est interpelé et tué à un barrage de gendarmerie. A-t-il voulu combattre? Un seul, Boudiaf, appartient à la représentation extérieure du FLN : avec Ben Bella il est on l’a vu interné en France de 1956 à 1962. Au moins deux autres du groupe sont aussi « préservés » des risques de la guerre révolutionnaire, parce que emprisonnés en Algérie jusqu’en 1962.
Après 1962, aucun survivant des « 22 » ne joue un rôle politique majeur, sauf Boudiaf, immédiat opposant au système imposé par l’armée des frontières et dominé par Ben Bella, puis par Boumediene. Boudiaf s’exile au Maroc de 1964 à 1992, mais il revient cette année-là pour présider quelques mois l’Algérie en décomposition avant d’être assassiné. D’autres survivants des « 22 » (on en repère 6) deviennent des sortes de rentiers de la révolution : députés à l’assemblée ou dirigeants d’entreprises d’Etat.
Boujemaa Souidani est un exemple du métissage algéro-français profond, caché autant que possible, de la société algérienne, comme du coût très élevé de l’avènement de son indépendance.
Nous résumons ci-dessous les différentes sources qui nous permettent de connaître ce héros atypique.
Sources policières, Archives d’Outre-Mer, Aix-en-Provence
Boudjemaa Souidani ben Lakhdar, né le 10 mai [février ? 22 janvier ?] 1922 à Guelma, est dit Djillali, typographe (1955, sous-préfecture de Guelma)
1946, 12 juillet : Le Parti Populaire Algérien (PPA) vient de reconstituer son bureau à Guelma, B S en est le secrétaire ; il vient d’être surpris pour « trafic d’armes avec la complicité de militaires musulmans » : une mitraillette et un révolver automatique. La perquisition à son domicile a donné des tracts pour la libération de Messali Hadj [leader du PPA] et une lettre à lui adressée par Chorfi, détenu à la prison de Guelma, qui déclare « qu’il sortira bientôt plus fort que jamais ». Peu avant B S a déclaré à ses coreligionnaires « n’oubliez pas que la jeunesse guelmoise a disparu, nous devons la venger ». [il est probable qu’il a été condamné alors à 18 mois de prison, dont il aurait été libéré début 1948]
1948, 11 mai, note des RG de Guelma aux RG de Constantine. Le 9 mai dans le car Bône- Guelma, des propos anti-français ont été tenus par de jeunes nationalistes : c’est le retour après un match de l’équipe juniors de foot de l’Espérance sportive franco-musulmane guelmoise. Les conseillers municipaux de Guelma, du parti de Lakhdari, Merrouch [vice-président du club] et Bou Chemal, ont été traités par des joueurs et des supporters de « vendus à la France ». Ils étaient excités par Boudemach Hocine, Souidani Boudjemaa et Baali Ben Ahmed. L’hymne messaliste et autres chansons ont été chantés en chœur. Le 10 mai Merrouch et Bou Chemal ont fait part de l’incident au maire de Guelma, Jean Rodière, qui leur a conseillé de s’adresser au sous préfet et proposé de les y accompagner. Merrouch et Bou Chemal, avec leurs collègues musulmans du conseil municipal menacent de démissionner si l’administration ne réprime pas le PPA car « quelques nationalistes […] cherchent à créer un vaste mouvement hostile à la France en s’appuyant uniquement sur la jeunesse. Ainsi, que l’administration française et le monde entier se rendent compte dans quelque temps des aspirations d’indépendance du Peuple algérien ».
1948, 8 septembre. Le 5 septembre, à El Arouch, sur la Route Nationale N° 3, les gendarmes ont interpellé trois personnes. Khene Saïd, ex commis greffier révoqué, conseiller municipal MTLD de Collo, Boussaadia Mohamed docker à Collo, membre du MTLD, tous deux arrêtés, et BS qui s’est enfui, sans doute à Philippeville, Guelma, puis Constantine. Ce dernier est joueur de foot à l’Espérance sportive de Guelma. Les bagages fouillés ont révélé la possession de 44 kilos de cheddite, 422 détonateurs et 64 m. de cordon bickford. Les deux interrogés ne peuvent justifier de l’usage des explosifs, disent qu’ils ont été achetés à Collo pour BS. Ce matériel étant inutilisable pour la pêche, l’affaire peut être considérée comme politique
1948, 7 octobre. Le sous préfet de Guelma confirme que B S est connu comme militant très actif du PPA ; il s’adonne à la boisson ; il a été condamné en 1947 à 18 mois de prison pour « détention et recel d’armes ». Si des éléments de Guelma sont mêlés à l’affaire de septembre, seule l’arrestation le prouvera, BS est activement recherché.
1951, 14 mars (commissaire principal de Constantine à préfet de Constantine) BS, objet de nombreuses recherches, aurait été vu par un informateur dans la région de Guelma. Il porterait actuellement une barbe en collier et serait vêtu à la mode marocaine (djellaba et turban). Il résiderait au Maroc dans la banlieue de Fès.
1951, 18 avril, note manuscrite. L’arme qui a tué M [illisible] dans le car de Sedrata est la même qui a tué l’inspecteur Cullet en Grande Kabylie. L’auteur des meurtres est probablement BS de Guelma « qui tient le maquis ».
1955, 6 janvier. Notice de renseignement du sous préfet de Guelma au chef PRG de Constantine concernant BS -[…] participe en avril 1949 au cambriolage à main armée de la grande poste d’Oran organisé par l’Organisation spéciale (OS) du MTLD. Condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité. par la cour d’assise d’Alger
-A participé vers 1950 au meurtre de l’inspecteur Cullet de la PJ, condamné à mort par contumace par la cour d’assise d’Alger 19/7/1952
-participe début 1953 à l’agression de la poste de l’Ouenza [confins algéro-tunisiens, près de Tebessa]
-responsable du CRUA [en octobre il devient le FLN] été 1954 pour l’arrondissement de Blida et chef de l’action terroriste dans la région de Soumâ, Bouinam, Boufarik et Blida. Principal organisateur des attentats de cette région le 1er novembre 1954
1955, 17 janvier Commissaire de police judiciaire à Guelma à sous préfet de Guelma. BS n’a pas participé à l’agression de la poste de l’Ouenza
1956, 17 [16 ?] avril, mort de BS, l’arme à la main, à un barrage de gendarmes qui l’interpellent quand il circule en moto sur la route de Kolea
Sources internet, années 2000- 2012
Page 19 du texte scanné Guerre de libération nationale – Dossier préparé par Amar Negadi, Djemaa Djoghlal et Aures Chaouia « à l’occasion du 53e anniversaire de la guerre de libération » [2007, version la plus fréquente de la réunion du Clos Salembier]
La séance de l’après-midi fut réservée à la discussion du rapport qui eut lieu dans une atmosphère franche et fraternelle. Deux positions se dégagèrent : l’une d’elle, représentée essentiellement par les éléments recherchés [c’est à dire les militants déjà contraints à la clandestinité], préconisait le passage immédiat à l’action comme seul moyen de dépasser la situation catastrophique non seulement du parti, mais du mouvement révolutionnaire dans son ensemble. L’autre orientation, sans remettre en cause la nécessité de l’action, jugeait que le moment de la déclencher n’était pas encore venu. Les échanges d’argument furent très durs. La décision fut acquise après l’intervention émouvante de Soudani Boudjemaa qui, les larmes aux yeux, fustigea les réticents en déclarant : «Oui ou non, sommes-nous des révolutionnaires ? Alors qu’attendons-nous pour faire cette révolution si nous sommes sincères avec nous- mêmes.»
2012 célébrations du héros mort en 1956
Samedi 29 septembre 2012 Journal Liberté
Le Secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahiddines [ONM], M. Saïd Abadou, a assisté, à Kolea (Tipaza), aux festivités commémorant l’un des chefs de la révolution de Novembre 1954, Souidani Boudjemâa, tombé au champ d’honneur le 17 avril 1956 dans la Mitidja. […].La délégation s’est déplacée à Hay Souidani-Boudjemâa pour la lecture de la Fatiha, la levée des couleurs nationales et une biographie du martyr prononcée par le secrétaire de wilaya de l’ONM. Au niveau de la Maison de la culture de Koléa, la section des Scouts musulmans algériens charmera le public présent ainsi que les invités avec des chants patriotiques. Ce sera ensuite au MTK, association culturelle locale, de présenter une opérette sur le héros. Autre surprise de cette journée du mercredi 17 avril, la fille du héros Souidani Boudjemâa en personne était l’une des illustres invités, à côté de moudjahiddine, certes, âgés mais pas assez vieux pour se remémorer les dures années de la guerre de Libération nationale
Info soir, le journal des locales 18/ 4/ 2012
Bien que pas encore réceptionnée officiellement, la nouvelle maison de culture de la ville de Koléa (Tipaza) a rendu hier un vibrant hommage au Martyre Souidani Boudjemaa, tombé au champs d’honneur le 17 avril 1956. Les Moudjahidine de la wilaya ont tenu à se présenter comme chaque année devant la stèle du chahid, sis au lieu dit «Magtaa kheira» près de Koléa, en présence de la fille du chahid et du secrétaire général de l’organisation nationale des Moudjahidine, Said Abadou. […] Le 56e anniversaire de la disparition du chahid Souidani, a été animée par la troupe «Souidani Boudjemaa» des scouts musulmans de Koléa et le mouvement théâtral de la même ville (Mtk). Ce dernier a présenté une belle et nouvelle mise en scène de Youcef Taouint, sous forme d’un opéra historique qui relate le parcours de Souidani Boudjemaa, le moudjahid révolté contre l’injustice, jusqu’à son décès le 17 avril 1956. Un rôle principal, joué avec succès par le jeune talent Adlane Boutiba avec l’ajout cette année d’un nouveau rôle pour «un gouel» (le narrateur), joué par un autre jeune talent «Gharib», à la voix très touchante et convaincante […]
La Nouvelle République samedi 29 septembre 2012 Le wali de Blida à la rescousse
LE TRADITIONNEL FESTIVAL SOUIDANI BOUDJEMAÂ DEVRAIT REPRENDRE SES DROITS CETTE ANNÉE APRÈS L’INTERVENTION DU WALI DE BLIDA, M. OUCHEN MOHAMED. EN EFFET, APRÈS AVOIR FAIT L’IMPASSE SUR CETTE MANIFESTATION QUI DEMANDE DES MOYENS, LE MANAGER ALIANE SOFIANE A PU COMPTER CETTE ANNÉE SUR LE WALI DE LA VILLE DES ROSES QUI VEUT FAIRE DE CE GALA SON AFFAIRE PERSONNEL.
Il s’agit d’honorer la mémoire d’un chahid qui a beaucoup donné à l’Algérie. Le manager s’est réjoui de voir l’intérêt du premier responsable de cette grande wilaya, porté sur ce festival qui en sera à sa 4e édition cette année. Prévu le 11 décembre prochain à la salle omnisports de Benchaâbane (APC de Benkhellil), ce gala de boxe amateur devrait regrouper des sélections de Tunisie, France, Oran, Alger et de l’association sportive de La Mitidja. […] Il sera aussi question de rendre hommage aux anciens moudjahidine membres du groupe des 22 encore en vie ou encore à Chaïb, l’ancien président de la République Benbella et des anciens compagnons de Souidani Boudjemaâ. Seront invités à ce festival, plusieurs personnalités politiques en plus du wali de Blida Mohamed Ouchen, tels que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, Brahim Djeffal… L’organisateur de ce gala, Aliane espère réussir cette grande soirée à la mesure de la grandeur de l’homme que fût Souidani Boudjemaâ. Ce dernier a sacrifié toute sa vie pour la patrie, il mérite bien que l’on «sacrifie» une soirée pour honorer sa mémoire… Qui est Souidani Boudjemaâ ?[…]. Ses premiers pas de militant, il les effectue en confectionnant des tracts et autres documents pour le compte du PPA. Il est utile de signaler que Souidani a pratiqué le football au sein de la glorieuse équipe l’Espérance Sportive de Guelma de 1941 à 1945. Par la suite et après avoir connu la prison après le massacre du 8 Mai 1945, il s’installe dans la région de La Mitidja. Au déclenchement de la guerre de libération, il est désigné comme un des adjoints de Rabah Bitat, premier responsable de la zone (wilaya IV). […]
SOFIANE GASSOUMA
Algérie 1. Com article signé « La rédaction » [2012]
Le chahid Souidani Boudjemâa, dont le 56ème anniversaire de sa mort a été commémoré mardi à Koléa (Tipasa), est un révolutionnaire de la première heure qui s’était engagé pour la libération de l’Algérie du joug colonial bien avant le déclenchement de l’étincelle de Novembre 1954, dont il était un des artisans.
Souidani Boudjemaa, tombé au champ d’honneur le 17 avril 1956 près de Koléa, à l’âge de 34 ans, a été un brillant organisateur aussi bien dans sa région d’origine, Guelma, que dans la Mitidja, qui l’a adopté pendant la guerre de libération.
Appartenant à l’aile révolutinnaire du mouvement nationaliste, partisan de l’action armée, membre fondateur du Comité Révolutionnaire de l’Unité et de l’Action (CRUA), Soudani Boudjama est également membre du groupe historique des ”22” qui a décidé de la date du déclenchement de la guerre de libération.
Né le 10 février 1922 à Guelma, il a fréquenté l’école française jusqu’au baccalauréat. Fils unique d’une famille modeste, il a abandonné ses études en 1939 pour travailler dans une imprimerie à Guelma. Il effectue ses premières armes de militant en confectionnant tracts et documents pour le PPA.
Auparavant, il avait adhéré à l’organisation des Scouts Musulmans Algériens (SMA), au sein du groupe ”Ennoudjoum” (les Etoiles) de Guelma. Son cheminement naturel le mène en 1942 au Parti du Peuple Algérien (PPA), où il devient rapidement chef de groupe et puis chef de section.
Ce sportif, passionné de football, rejoint entre 1941 et 1945 ”l’Espérance Sportive de Guelma” où il est connu sous le nom de ”L’express”. Emotif, très sensible, il lui arrivait souvent de pleurer en parlant de la situation de l’Algérie à cette époque.
Il est témoin des massacres du 8 mai 1945, durant lesquels des milliers d’Algériens ont été exécutés. Il connaît une première fois la prison pour avoir participé aux manifestations. Sa condamnation à trois ans de prison est la première d’une longue série.
La violence coloniale renforce ses convictions nationalistes et finit par le convaincre de la nécessité de passer à l’action. Il devient un des animateurs les plus connus de l’aile radicale du PPA-MTLD.
Grâce à l’aide d’un militant, responsable du magasin d’armement dans une caserne de l’armée française, il se procure des armes et des munitions, qu’il entrepose dans des caches. Cette activité se poursuit jusqu’en juillet 1946. Il est alors arrêté et condamné à dix huit mois de prison.
Lors de son procès, il déclare que ”les armes sont destinées à la lutte armée que doit engager le peuple algérien contre l’occupant étranger”.
A sa sortie de prison, en janvier 1948, il reprend ses activités politiques et opte pour l’Organisation Secrète (OS). Il y est chargé de la formation militaire et du transfert d’armes et de munitions de Guelma vers d’autres villes.
Il s’installe de 1949 à 1951 dans la région de la Mitidja, au douar Halouia, à Soumaa, près de Blida, où il prend le surnom de ”Si Djillali”. L’Organisation Secrète le mute ensuite à Oran où il participe, le 4 avril, en compagnie de Ahmed Ben Bella, Hocine Aït-Ahmed et Ahmed Bouchaïb notamment, à la célèbre attaque de la poste d’Oran, une opération destinée à réunir les fonds nécessaires au déclenchement de la lutte armée.
Il participe à une autre attaque à Boudouaou, durant laquelle est abattu le commissaire Cullet. En 1953 il est au cœur d’une opération contre la Société de l’Ouenza. Les condamnations pleuvent. Il est condamné à la prison aux travaux forcés à perpétuité par un tribunal d’Oran , et condamné à mort par un tribunal d’Alger.
Souidani Boudjemaa a alors totalement basculé dans la clandestinité. Ce lettré se retrouve alors très éloigné des luttes d’appareils qui paralysent le MTLD. Durant l’été 54, il fait naturellement partie du groupe des ”22” qui a décidé de la date du déclenchement de la révolution armée.
Au déclenchement de la guerre de libération, il est désigné comme un des adjoints de Rabah Bitat, premier responsable de la zone (wilaya) IV. Il est responsable de la Mitidja.
Le 1er novembre 1954, Souidani Boudjemaa et ses compagnons lancent plusieurs opérations armées dans la Mitidja et l’Atlas blidéen. Lui-même fait partie de l’unité qui attaque la caserne de l’armée française à Boufarik.
La région qui lui est confiée, la Mitidja, est le symbole de la colonisation française, avec de puissants colons et une forte concentration d’unités de l’armée coloniale. Il organise et structure les maquis algérois, met en place des réseaux, aménage des caches, recrute des hommes pour encadrer les commandos et fabriquer les bombes, en vue d’assurer une présence de longue haleine.
Le 17 avril 1956, il tombe au champ d’honneur lors d’un accrochage à Magtaa Kheira, près de Koléa. Il se rendait à moto à un rendez-vous avec des journalistes quand il est intercepté par un barrage de l’armée coloniale. Il est tué dans les armes à la main, comme il le souhaitait.
Horizons, quotidien d’information, 29 septembre 2012 Koléa (Tipaza)
[…]il a commencé à travailler dans une imprimerie, activité qui le mit en contact direct avec les injustices coloniales, « ce qui ne manqua pas d’aiguiser son sens du militantisme et sa révolte contre l’occupant », selon des témoignages d’anciens moudjahidine. Très tôt, il adhère au mouvement des SMA (Scouts Musulmans Algériens) dans le groupe « Enoudjoum » de Guelma et son cheminement le conduit sans surprise, en 1942, à adhérer au Parti du Peuple Algérien (PPA) où il occupa le poste de chef de groupe puis chef de section. La violence coloniale, en particulier après les massacres du 8 mai 1945 suite aux manifestations des indépendantistes, auxquelles il participa, lui valut d’être emprisonné durant trois ans pour détention d’armes [les sources policière françaises donnent une autre version de son emprisonnement pour 18 mois]. Cet emprisonnement renforça ses convictions nationalistes et sa détermination à passer à l’action. A sa sortie de prison, en 1948, il s’engage aussitôt dans l’OS (Organisation secrète) qui lui confie la formation militaire et le transfert des armes de Guelma vers d’autres maquis.
Episodes de la vie du militant clandestin Forum Algérie [reproduisant Le soir] du 16/ 04/ 2006
[…]Le combattant Saci Benhamla, ami d’enfance du martyr, a déclaré que son père Lakhdar a immigré en France alors que le petit Boudjemaâ n’était âgé que de quatre ans. […]«Le prénom de sa mère, Elmanfgher, le prédestinait à la révolution, car il signifie hors la loi.»[…]. Très jeune, il interrompt ses études pour s’intéresser à la réalité de l’Algérie et de la politique coloniale. Par la suite, il est membre fondateur de l’équipe de l’Espoir sportif de la ville de Guelma entre 1941-1945. Ce sont les événements du 08 Mai 1945 qui constituèrent le point de départ de ses activités. Aussi, il participe aux manifestations du 08 Mai 1945 et passe plusieurs mois en prison à Tazoult, de juillet 1946 à 1948.
Site histoire Saida Algérie auteur Lakhdar, posté le 18- 04 2010
Beaucoup de saidéens ont du lire le nom de Souidani Boudjemaa au côté d’Ahmed Ben Bella et Ait Ahmed sur la plaque commémorative fixée sur le Fronton de la grande poste d’Oran, plaque commémorant le holdup en plein jour de cette poste pour financer la révolution armée. Qui est-il ?
Né le 22 janvier [?] 1922 à Guelma, Souidani Boudjemâa avait adhéré très jeune au Parti du peuple Algérien (P.P.A) pour devenir en 1947 responsable de l’O.S (Organisation spéciale) pour la région de Skikda [Philippeville].
Installé à Oran, il participa en 1949 au hold-up de la poste de cette ville, mis au point dans son domicile, sous la direction de l’état major de O.S.
Suite à la répression contre l’O.S menée en en 1950 par la police coloniale, le chahid s’était réfugie dans les collines de l’Alma (Boudouaou), à une quarantaine de kilomètres à l’Est d’Alger. Poursuivi, il vécu dans la clandestinité, après avoir abattu un commissaire de la police coloniale à Blida. Il a été membre du groupe historique des 22, adjoint de Rabah Bitat pour la zone algéroise. Responsable des maquis de Chréa, en 1955, il tomba alors au champ d’honneur le 16 avril 1956 sur la route de Blida- Magtaâ Kheira
Memoria, Groupe El Djezaïr. Com, « le premier et unique magazine consacré à l’histoire de l’algérie » Par Mussa ACHERCHOUR Publié le 01 juin 2012
[…] Souidani Boudjemaa lutta pendant une bonne partie de sa vie dans l’Algérois où il contribua, avec Amar Ouamrane, Abane Ramdane et d’autres, à l’organisation de la Zone 3 qui deviendra par la suite la Wilaya III historique. Une zone qui s’avéra être l’une des plus difficiles – du fait d’une forte présence des forces coloniales et de colons – et l’une des plus actives, grâce au potentiel de combattants et de cadres dont elle jouissait.
Après des études secondaires dans sa ville natale [sans doute hors de celle-ci, Annaba ou Constantine ?], il travailla quelque temps chez un imprimeur français, tout en activant dans une association de scouts musulmans qui, à l’instar de toutes les autres associations de scouts, fut une véritable pépinière de révolutionnaires. Cette expérience, qui joua un rôle essentiel dans sa formation politique et sa conscience patriotique, le mena à adhérer au PPA où il fut nommé successivement chef de groupement puis chef de section. En 1943, il fut arrêté lors d’une manifestation anticoloniale dénonçant l’interdiction aux indigènes la fréquentation des salles de cinéma les samedi et dimanche. En 1944, il fut incorporé de force dans le service militaire, à Sétif, avant d’être affecté dans une imprimerie militaire à Guelma, après la Seconde Guerre mondiale. Les grands événements du 8 mai 1945 précipitèrent l’adhésion du jeune Boudjemaa à l’Organisation Spéciale (OS) à sa création, et aidèrent à cultiver, chez lui, l’idéal de la lutte armée, comme seul moyen d’émancipation. Il devint l’un des animateurs les plus dynamiques de l’aile radicale du PPA-MTLD.
Pourchassé par les autorités coloniales, il fut arrêté et condamné, en 1948 [1946 ?], à 8 mois [ ?] de prison ferme. Après une deuxième arrestation, il put s’enfuir vers Oran. Et c’est là qu’il participa à la fameuse attaque contre la poste d’Oran, dans le commando Belhadj Bouchaïb, organisée en vue d’obtenir les fonds nécessaires à la poursuite des activités de l’Organisation. Ce qui lui valurent, à lui et ses compagnons, une condamnation à mort par contumace.
Recherché, Boudjemaa trouva refuge à Boudouaou chez un militant paysan. C’est là que, en 1952, il abattit l’inspecteur Culet de la PRG.
En 1953, il est au cœur d’une opération contre la Société de l’Ouenza [la police française l’exonère de cette action]. Il accumule les condamnations. Il est condamné à la prison aux travaux forcés à perpétuité par un tribunal d’Oran, et condamné à mort par un tribunal d’Alger.
Prenant une part active aux premières réunions devant préparer le déclenchement de la lutte armée, il se vit tôt chargé d’importantes responsabilités. Ainsi, au premier découpage territorial de la révolution du 23 octobre 1954, en zones, Souidani Boudjemaa fut adjoint, avec Belhadj Bouchaib, de Rabah Bitat, premier chef de la Zone 4. Il fit preuve d’un sens élevé d’organisation et d’encadrement ; puisqu’il avait réussi à recruter le premier groupe de moudjahidine, tous anciens militants de l’Organisation Spéciale pour entamer les premiers préparatifs pour la lutte armée dans la région de la Mitidja, en encadrant les premières réunions d’Ouled Fayet et celle de Sidi M’hamed Belaïche. Il planifia les attaques de la nuit du 1er novembre; de même qu’il participa à l’attaque menée contre la caserne de Boufarik en compagnie de son fidèle compagnon Amar Ouamrane, Boualem Kanoun et Rabah Abdelkader, et à de nombreuses opérations commandos, tout en poursuivant ses activités politico-administratives dans les OPA du FLN dans les régions de la Mitidja et de l’Atlas blidéen.
Le 17 avril 1956, il tombe au champ d’honneur lors d’un accrochage à Magtaa Kheira, près de Koléa. Il se rendait à moto à un rendez-vous avec des journalistes quand il fut intercepté par un barrage de l’armée coloniale. Il fut tué les armes à la main, comme il le souhaitait.
Aujourd’hui, beaucoup d’édifices, de places publiques et d’organsinions nationales portent le nom de Souidani Boudjemaa, en hommage à son sacrifice et à son héroïsme. En 1997, à l’occasion du 41e anniversaire de sa mort, un village a été baptisé en son nom près de l’endroit où il est mort. Ceci dit, très peu d’ouvrages lui sont consacrés, alors qu’il est de la trempe des grands héros de la Révolution.
El Watan.com Samedi 29 septembre 2012-09-29 Un épisode peu connu de la vie du chahid Souidani Boudjemâa
Après le hold-up de la poste d’Oran, et l’OS en partie démantelée, l’organisation a redéployé ses membres dans différentes régions du pays.
C’est ainsi que Souidani a d’abord brièvement séjourné à Boudouaou – village à l’est d’Alger – avant d’être orienté vers la ferme de la famille Roukhi (dit Chekouane), dirigée par un certain Roukhi Abderrahmane, militant de la cause nationale de la première heure au sein du PPA et martyr de la Révolution. Pour éloigner les soupçons, Souidani Boudjemaâ, passé dans la clandestinité, est engagé en tant qu’ouvrier agricole accompagné dans ses tâches quotidiennes par Roukhi Saïd, dit Moha Chekouane, avec qui il partageait le gîte et le couvert. Il passa près de quatre années dans cette ferme dotée d’une bergerie, où il travaillait à l’alimentation et l’entretien du bétail. Dès les premiers jours, son compagnon était surpris que Souidani ne se séparait jamais de son arme et lui tenait un discours militant et engagé pendant qu’ils ramassaient le foin dans les champs. Il posa la question à son frère, qui lui expliqua qu’il s’agissait d’un grand révolutionnaire et que par moments certains leaders de la Révolution viendraient se réunir avec lui dans la ferme.
Ces réunions étaient organisées sous le couvert de fêtes familiales avec force sacrifice de bétail et couscous que les femmes se chargeaient de préparer. Parmi les personnalités qui assistaient à ces réunions secrètes : Mohamed Boudiaf, Amar Ouamrane, Rabah Bitat, Bachir Boumaza, Ahmed Bouchib, Zoubir Bouadjadj et bien d’autres encore. Roukhi Saïd doit son mariage (en 1951) à Soudani, lequel, pour mieux fixer son compagnon – virtuose de la flûte traditionnelle dans le groupe de Cheikh Bouras – qui s’absentait de temps à autre pour assurer des fêtes un peu partout, suggéra à la famille de lui fonder un foyer. Ce qui fut fait. Mon défunt père RoukhiI Saïd nous a raconté, les larmes aux yeux, pour illustrer le sens de l’humilité et l’intelligence de Souidani, que pendant sa nuit de noces, Souidani s’est chargé de préparer et de servir humblement le thé pendant toute la soirée sans que les autorités locales, maire de St-Ferdinand et gendarmes compris, présents sur les lieux, ne se doutent de l’importante personnalité qu’il représentait et du dirigeant révolutionnaire qu’il était !
A l’approche du 1er Novembre 1954, Souidani Boudjemaâ s’installa à Bouinan, dans la Mitidja avec pour tâche d’assurer la coordination des premières actions armées du soulèvement. Ainsi a pris fin le long séjour de Souidani à St-Ferdinand, aujourd’hui Souidania en référence à cet épisode inconnu de sa vie. Roukhi Abderrahmane est mort au combat avec le grade de commandant dans les montagnes de l’Atlas blidéen, selon certains témoignages dont celui de Zoubir Bouadjadj.Quant à Roukhi Saïd, membre actif de l’OCFLN, il est décédé en 1997 dans la stricte simplicité sans jamais revendiquer droit, honneur ou reconnaissance.
P. S : La ferme en question existe toujours dans son architecture de l’époque et mériterait d’être érigée comme site historique (en particulier sa grande étable qui abritait les importantes réunions).
Abderrahmane Roukhi : fils de Roukhi Saïd, dit Moha Chekouane [plus de 7 ans après avoir posté cet article sur Boujemaa Soudain, le 10 avril 2020, un échange de e-mails avec Monsieur Roukhi nous fait découvrir que nous vivons à quelques kilomètres l’un de l’autre, en banlieue de Toulouse. Quand la vague de confinement qui nous atteint se terminera, nous discuterons mieux qu’au téléphone sur ce passé algérien qui nous est commun!]
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.