Laura Mouzaia, La fille du berger est un récit sans doute largement autobiographique.
Une enfant élevée dans un village de Petite Kabylie y a vécu en luttant sans guère d’appui dans un monde où elle doit redouter une grand-mère toute puissante, les ragots des gens, les brutalités de l’armée françaises, celles des maquis du FLN.
Puis arrivée vers sept ans, à Decazeville, à l’époque ville minière du charbon, elle apprend d’un coup la langue française et la vie « moderne » (avec poêle à charbon…), les discriminations raciales et la promotion par un intense effort scolaire : une success story.
On sait que l’auteure, qui publie ce premier roman à Alger en 1994 (réédité en 1997 à l’Harmattan), passe à l’Université Jean Jaurès de Toulouse en 1996 un doctorat Générations de femmes kabyles : changement politique et social (matrice dix en plus tard pour son ouvrage publié chez Karthala).
Laura Mouzaia, féministe, décrit les rigueurs de la société kabyle traditionnelle : on pense au récit autobiographique de la mère de Jean Amrouche: http://alger-mexico-tunis.fr/?p=763
Le roman peut séduire (ou non) par une langue à la fois savante (l’auteure est une sociologue pétrie de références littéraires) et familière, une parole inventive, sans complexe face aux rigueurs grammaticales, usant de la redondance des synonymes ou des adjectifs. Une forme souvent redondante qui cache parfois l’émotion mais qui ne doit pas masquer l’importance du témoignage.
C’est en retrouvant l’auteure chez Habib le 19 juin 2020 que plusieurs d’entre nous ont eu envie de lire (ou de relire) le premier livre publié par Laura.http://alger-mexico-tunis.fr/?p=2251
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