Bleu, Blanc, Brahms, Premier roman de Youssef Abbas, né en 1983, publié chez Acte Sud / Jacqueline Chambon (2019)
L’action se passe le soir de la finale de la Coupe du monde de football de 1998, dans une ville, D., située à 1h30 au sud de Paris.
Elle avance chronologiquement, de 17h30 au score final, en trois parties, centrées chacune autour d’un personnage masculin (Hakim, Yannick, Guy) et scandées par les commentaires (réels) du match à la télé. De ces trois personnages, élèves de terminale, l’un est un jeune beur, élève médiocre et plutôt chahuteur, son ami « gaulois élevé par une mère solitaire. Ils sont amis de longue date et passionnés de foot. Marianne, fille d’un architecte et d’une enseignante « de gauche » les reçoit dans son pavillon proche des HLM. Passionnée de musique, en révolte contre sa famille, prise entre les amis « de son milieu » et ses copains Yannick et Hakim. Cette soirée autour du match de foot met en lumière ce qui sépare ces deux milieux : langage, vêtements, attitudes…. Le quatrième personnage du roman habite le rez de chaussée du HLM : en pleine dérive, il écoute Brahms et se saoule au whisky méthodiquement. Mettra-t-il fin à ses jours comme c’est son phantasme ?
Écriture très maîtrisée, notations imagées et concrètes pour entrer dans la psychologie des personnages (adolescents à la veille du bac et de l’entrée dans la vie adulte, adulte seul avec son passé) et dans le quotidien d’une cité, pour assister à la rencontre hasardeuse entre jeunes bourgeois et jeunes prolos autour du match, pour sentir l’espoir des jeunes de « s’en sortir » par l’argent, l’amour ou la culture.
Le lien entre les trois personnages qui est donné au départ est qu’ils habitent la même montée d’escalier et que les deux adolescents sont des amis inséparables. C’est un lien différent entre eux qui amène le dénouement, à la 92ème minute du match (Ce lien aurait gagné à être mieux amené)
Grand plaisir de lecture, qualité littéraire certaine, originalité du point de vue, subtilité des caractères et des situations, loin des clichés attendus. Le titre est justifié, Brahms joue un vrai rôle dans l’intrigue.
A côté de « Bleu » et « Blanc », « Noir c’est Noir » s’impose.
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