Mémoires coloniales[et autres textes : Jeunesse], Pierre Nora et Benjamin Stora
Ce livre à deux voix (février 2021) est tiré d’une conversation orchestrée par Alexis Lacroix. Deux propos en parallèle, plutôt qu’un dialogue serré. On y comprend que la mémoire coloniale de l’Algérie est centrale pour la France, aussi présente que niée. « Les Français voient moins l’islam comme une religion (ce que sont catholicisme et judaïsme) que comme une culture qui suppose un certain rapport hommes/ femmes, une certaine articulation du public et du privé. […]. Il y a « chez les français de souche ou ceux issus d’autres immigrations] un procès en illégitimité permanente des immigrés post-coloniaux de culture musulmane, [immigrés depuis un demi-siècle], les percevant comme des étrangers nouvellement arrivés » (ces propos de Stora sont repris textuellement par Nora).
Ce procès en illégitimité était fait déjà à ceux que l’on considérait comme des sujetsau temps de la colonisation : ils n’étaient pas légitimes à rester là (notons qu’aux mêmes moments les Tunisiens étaient des sujetsbeylicaux, les Marocains des sujetschérifiens… mais légitimes à « rester là »).
« La précocité de l’installation coloniale en Algérie […] par une colonie de peuplement, expérience inégalée dans l’histoire coloniale, aura des répercussions sur toute l’immigration post-coloniale ». Car l’immigration algérienne est politisée en France dès les années 1930, et elle est la force principale du FLN (par sa contribution financière) dès les années 1958 ; elle est en dissidence permanente par rapport au pouvoir militaire algérien qui se constitue alors.
Plus récent, sur des thèmes proches, Décolonisations françaises, la chute d’un empire, Pascal Blanchard (avec Nicolas Bancel, Sandrine Lemaire, Benjamin Stora, Achile Membe), La Martinière
Paru presque en même temps Jeunesse, de Pierre Nora, donne quelque pistes sur ses deux années de professeur de lycée à Oran, sans que s’éclaire ce que fut son « service militaire » en ces années où c’était un problème pour tous les garçons de sa génération. Ses quelque rapports ave Jean Dresch sont aussi peu précis : il enjolive évidemment les performances de randonneur de celui-ci. Bien plus passionnants sont ses récits sur sa vie d’enfant dans l’exode de 1940 jusqu’à la frontière espagnole, puis à Grenoble et plus encore dans le Vercors.
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