Mémoires: Géographe- Mexique, histoire d’un livre

couverture, édition française

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Géographe- Mexique, histoire d’un livre

http://books.openedition.org/cemca/339?format=toc

 

portada, edición mexicana

portada, edición mexicana

Le désir de se souvenir et de témoigner vient assez souvent au moment de la retraite, parce que le travail ne pousse plus vers le futur.

Fabriquer des mémoires : on fabrique toujours cette reconstitution d’un passé, et mieux vaut en être conscient que de croire à un film objectif qu’on déroule. On fabrique sans doute plus à l’oral (emporté par l’émotion de l’évocation) qu’à l’écrit (où l’on peut au moins se relire). C’est un plaisir narcissique, bien sûr, mais aussi un exercice pour conserver ou retrouver tout ce qui pâlit ou s’efface, créant un sentiment (sans doute faux) de perte inexorable.

Chaque fois qu’on peut croiser des souvenirs avec ceux qui ont vécu les mêmes choses, on peut améliorer le témoignage. Sauf si une héroïsation (négative ou positive) d’un événement conduit à ce que nous le transformions ensemble en une légende intouchable. Une figure classique de l’héroïsation (positive) des souvenirs est la « célébration » d’une réunion d’ « hommage » à un ami, un collègue, un maître : s’il est déjà mort la tendance est à gommer ce qui pourrait ternir sa mémoire, surtout si l’on veut apparaître comme un disciple. S’il est vivant et présent, ce travers peut être atténué… si le héros joue plus le jeu de la camaraderie que celui du patriarche.

Bien plus sûr pour « objectiver » les souvenirs, tous les documents d’époque (publiés, ou simplement fixés dans une note, un rapport, une lettre) méritent d’être pourchassés et confrontés pour contrôler les faits, les dates, les personnages et les lieux.

couverture, ouvrage issu du colloque de 1998

couverture, ouvrage issu du colloque de 1998

Mes premiers brouillons de mémoires ont été alimentés par les deux réunions/ colloques « autour » de ma vie professionnelle, à Toulouse[1] ou à Paris[2], brouillons recyclés et remodelés oralement au Mexique à la Universidad de Puebla[3] ou à la UAM (grâce à Daniel Hiernaux)[4]. Un texte cohérent a été finalement accepté pour publication à Mexico par le Colegio de México, qui a sorti le livre en association avec le Colegio de Michoacán et le CEMCA. Le temps que la traduction et l’édition soient réalisées, j’ai augmenté le manuscrit de chapitres plus généraux sur le latino-américanisme en France, grâce à la suggestion de Mona Huerta, et l’IHEAL a accepté de publier cela, si bien que les deux versions du livre sont parues en même temps en 2008 [5]. Le dernier avatar de ces souvenirs et réflexions est lié au cinquantième anniversaire de la revue Caravelle, 2013, pour lequel Richard Marin et Michel Bertrand  m’ont « entretenu » à l’Université de Toulouse le Mirail en 2012, ce qui donne un DVD et un texte dans la revue. Et voici que le livre lui-même, dans sa version castillane, est mis en ligne, par ce pool d’éditeurs de sciences sociales auquel participe le CEMCA, éditeurs essentiellement francophones, mais le présent livre montre que la langue espagnole est présente, et c’est tant mieux. Dans ces diffusions successives, quelle est la part de l’obstination et la part de la chance ?

dernière version de la couverture de l'Ordinaire [du mexicaniste...puis américain] dans sa version papier

dernière version de la couverture de l’Ordinaire [du mexicaniste…puis américain] dans sa version papier



[1] Ordinaire latino-américain, Janv-mars 2003, Latino-américanisme français en perspective, N° 191, post-coordination du N° et textes : « Pratiquer l’Amérique Latine, des années 1960 aux années 1990 » (p. 5-17) ; L’IHEAL, « vers le demi-siècle ? » (p. 49-60) ; « Amérique Latine, mémoire des revues et des livres » (p. 77-83), [reprend entre autres divers textes d’une table ronde de 1997 à Toulouse].

[2] « Conclusions » in Les territoires de l’Etat-Nation en Amérique latine, à Claude Bataillon, sous la direction de  MF Prévôt Schapira et H Rivière d’Arc, Paris, IHEAL, trav et mémoires, 2001, p. 301- 306 [livre issu d’une table ronde de 1998 à Paris].

 

[3] « Región y geografía : un francés mexicanizado desde 1960 » [a partir de una charla de 1998], in Ciudad, región, territorio, espacios humanos y desarrollo en el Estado de Puebla, N. Churchill Conner y U. Ortega Maldonado comp., Benemerita Universidad de Puebla, 2001, p. 13-29

 

[4] Une entrevue filmée en DVD, 2006.

[5] Un geógrafo francés en América Latina, cuarenta años de recuerdos y reflexiones sobre México, 2008, El Colegio de México / El Colegio de Michoacán / Centro de Estudios mexicanos y centroamericanos, 165 p. Un géographe français en Amérique Latine, quarante ans de souvenirs et de réflexions, Editions de l’IHEAL, Travaux et mémoires N° 79, 2008, 249 p., édition augmentée de trois chapitres par rapport à l’édition mexicaine [Mémoire des revues en France ; L’IHEAL, au-delà du demi-siècle ?; Toulouse, entre GRAL et IPEALT], index (diffusion La Documentation Française).

 

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