Chine: premier contact

Bergère, Marie-Claire, Chine – Le nouveau capitalisme d’Etat, Fayard, 2013, 310 p.

Couverture du livre

Avoir pris contact avec la Chine dans le voyage touristique décrit récemment ( http://alger-mexico-tunis.fr/?p=746 ) m’a donné envie de lire sur ce pays, dont me parle souvent un ami biologiste.

Marie-Claire Bergère vers 2005

Centré sur ce que sont les entrepreneurs chinois, privés ou publics, thème que l’auteure maîtrise de longue date, le livre de Marie-Claire Bergère est une somme sur la société chinoise du dernier quart de siècle. Avec ironie pour les écrits à sensation que suscite un pays opaque, complexe, soucieux à l’extrême de son image internationale, l’auteure décrit les changements fondamentaux de la « première puissance mondiale », déjà advenue ou prévisible, qu’est la Chine. L’analyse du système de pouvoir, sa souplesse, ses brutalités, montre comment la gestion économique « moderne » n’est en rien incompatible avec une politique faite des relations personnelles qui s’organisent en luttes de clans, corruption, arrangements entre puissants. Les modes de fonctionnement des administrations locales ou provinciales, dans les zones côtières modernisées ou dans la Chine profonde du centre ou de l’ouest, sont particulièrement éclairants. Pour un lecteur qui s’intéresse au fonctionnement du parti- Etat que fut au Mexique le Parti Révolutionnaire Institutionnel au pouvoir pendant plus de 60 ans (1929- 2000), bien des descriptions du capitalisme d’Etat chinois articulé au Parti communiste sont éclairantes.

La conclusion du livre est que ceux qui « prévoient » l’explosion du système chinois en termes strictement économiques, comme ceux qui « prophétisent » sa subversion prochaine par des forces de protestation démocratiques (certes présentes), devraient lire de plus près une histoire chinoise où les changements relèvent d’un temps beaucoup plus lent que celui que connaissent les media modernes.