Je reçoit avec bonheur la nouvelle : le nouveau directeur du musée de la Porte Doré à Paris (Cité de l’histoire de l’immigration) est Benjamin Stora, historien de l’immigration algérienne en France ( http://alger-mexico-tunis.fr/?p=587 ), mais aussi auteur de tant d’autres ouvrages de base sur l’histoire du Maghreb. Il dialogue pour expliquer les enjeux de ce musée dans la page 16 du Monde daté du 16 septembre 2014: « Les Français ont du mal à se voir comme des descendants d’une immigration ».
En 2012 il a été organisateur dans ce musée d’une excellente exposition (accompagnée d’un ouvrage publié par le musée) sur cette immigration algérienne en France. Ce même musée a accueilli récemment une édition du Maghreb des livres, organisée comme chaque année par l’association Coup de soleil. Rappelons que la France est un pays d’immigration intense dès les années 1910, juste après les Etats-Unis à cette époque pour l’accueil d’Européens, à une époque où le reste de l’Europe fournissait des émigrants. Et que dans le caléidoscope des immigrés en France, les Européens côtoient Asiatiques et Africains, et que parmi ceux-ci les Maghrébins forment un monde particulièrement complexe, incluant musulmans (d’origine ou de confession) et « pieds-noirs », ces derniers d’origines ou de confession chrétienne aussi bien que juive. Bienvenue au nouveau directeur, qui rappelait le 12 aout 2014 sur France Inter qu’il est lui-même un pied noir juif de Constantine.
Nul doute que Coup de soleil fasse son possible pour aider à mieux faire connaître ce musée, mais aussi pour y promouvoir une meilleure connaissance des maghrébins des deux rives de la Méditerranée.
Rappelons, ce qui ne gâche rien, que ce musée est une perle de « l’art déco » de la fin des années 1920, tant par ses façades extérieures, que par divers salons (celui de Lyautey entre autres) et surtout par ses fresques intérieures somptueuses, glorifiant l’exotisme de l’Empire à son apogée (célébration du centenaire de la « conquête » de l’Algérie en 1830).
On peut se souvenir que « la » colonisation fut un phénomène pervers et dramatique, sans pour autant oublier ses dynamiques fécondes (comme la création de systèmes éducatifs « modernes »), pour ceux qui l’ont subie comme pour ceux qui ont cru l’organiser.
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