Ixcanul, être « indien » au Guatemala

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Film franco-guatémaltèque, 2015

Comme pour les mignants http://alger-mexico-tunis.fr/?p=904

ou les cristeros mexicains de Matías Meyer http://alger-mexico-tunis.fr/?p=421 , un film lent, où l’on parle peu, mais ici c’est au Guatemala et chez les « indigènes » de langue maya. Beaucoup mettront en avant la beauté des images, la rude nature si prenante du volcan et des plantations de café, les figures –en particulier le couple fille- mère, si intime au temascal (le bain de vapeur).

mère et fille

mère et fille

J’ai été sensible avant tout à la question de la langue, dans ce film où l’on parle si peu. Au Guatemala, on annonce que 1/3 de la population parle une langue indigène, principalement un rameau de l’arbre des parlers mayas. Sans doute moins de la moitié de ces « indigènes » ne parlent pas l’espagnol, et c’est le cas de la famille paysanne dont l’histoire dramatique nous est contée. Sans cesse on nous montre le pouvoir que détiennent ceux qui parlent espagnol. Pour la religion, ces paysans invoquent en dialecte les forces traditionnelles, mais s’efforcent à l’enterrement de réciter les prières catholiques en espagnol. Les notables locaux, eux, le parlent, servent d’interprètes aux paysans en traduisant comme bon leur semble. Les autorités métisses hispanophones trouvent normal de ne pouvoir communiquer directement avec ces paysans : agents du recensement, policiers ou personnel hospitalier.

images-1Alors pour ces paysans, le rêve n’est pas de s’ « intégrer » à la société métisse hispanophone : mieux vaut fuir « de l’autre côté », après la traversée périlleuse du Mexique, aux Etats-Unis, que peut-être a pu atteindre dans sa fuite l’amant de la jeune María, comme peut-être aussi l’enfant nouveau-né de celle-ci.

Cette société « indienne » où l’on parle si peu et où l’on boit tant est à la fois dure et chaleureuse.

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