Berbères: au long cours et dans le monde

Berbères : De Saint Augustin à Zinedine Zidane Revue Histoire/ collections, janvier 2018, 98 p.

Les Berbères sont des Barbares comme les autres : pour les Romains, des gens qui ne parlent pas latins et sont quelque peu inférieurs, que ce soit au sud de la Méditerranée ou au nord des Gaules ou à l’est. Ce dossier affronte la difficulté de couvrir l’Afrique du Nord ou Maghreb « depuis les origines ». En évitant de monter en épingle des Berbères « rétrogrades » ou « identitaires » pour montrer comment en chaque lieu et en chaque moment des populations parlant toutes les variantes d’une langue « berbère » ont su s’adapter, se moderniser, résister, négocier, prendre le pouvoir, se soumettre, s’affirmer, dans un monde où du nord ou de l’est venaient des partenaires, des « maîtres » des « civilisateurs », en une complication pas plus forte au sud de la Méditerranée occidentale qu’au nord des Alpes ou à l’est du Rhin : Phéniciens de Carthage, Romains, Byzantins, Vandales, Arabes, Turcs, Espagnols, Français, Yankees, Soviétiques, Chinois. Ils parlent « tamazight » avec leurs grands-parents, leurs parents le parlaient entre eux, leurs grands parents le parlaient sur la place publique.

Le dossier de la revue Histoire se lit d’une traite, parce qu’il nous fait vivre une foule de personnages, d’autrefois ou de maintenant, pour comprendre ces presque trente millions de « berbères » actuels, au Maghreb comme en Europe et au Canada. Des écrivains et penseurs comme Apulée (auteur de L’âne d’or), comme Augustin (saint chrétien, mais aussi fils de bonne famille dont la mère, Monique, organisait en vain son beau mariage à Milan), comme Averroès (grand helléniste et ouléma à Cordoue), comme Ibn Khaldun (géographe, historien et politologue enseignant finalement au Caire), Mouloud Feraoun (instituteur et écrivain assassiné par l’OAS), Mouloud Mameri (écrivain kabyle … de France et du Maroc), des politiques comme la Kahina (juive, chrétienne ou animiste ?), comme le bachaga Mokrani (dévoué à une armée française qui le trahit), comme Aït Ahmed (un démocrate parmi les leaders du nationalisme algérien). Finalement, parler des Berbères, c’est parler du Maghreb profond, y compris si ce Maghreb parle arabe ou français, un monde qui se fabrique, pas qui se lamente sur ses origines. Et vers le sud ce monde berbère sert de pont avec le rivage saharien (Sahel), où les Touaregs sont au bord de cinq pays africains. Sans oublier que l’unification politique du Maghreb s’est fait sous deux dynasties berbères (Almoravides et Almohades).

En février, présentation de ce dossier au MODEL à Paris

 

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