Retour à Séfarad, Pierre Assouline, Roman Gallimard, 2018, 441 p.
Un roman sur les relations entre l’auteur, l’Espagne et la réalité juive. D’abord pour dire que réellement le royaume d’Espagne peut accorder la nationalité espagnole à ceux qui descendent des juifs chassés voici plus de cinq siècles, ce n’est pas une invention. http://nacionalidadsefardies.net et plus de 4000 personnes sont devenues grâce à cela des citoyens de la Communauté européenne (en tête, des vénézuéliens…). Assouline a-t-il fait réellement les démarches ? probablement pas mais peu importe. Aucun doute que le sujet le passionne parce que la biographie de sa famille est adossée au monde judéo-espagnol. Il met en parallèle la catastrophe des sépharades du Xve siècle et celle des azkhénazes au Xxe siècle. Il nous en dit long sur ce que représente la langue castillane pour lui, sur l’affrontement permanent des deux Espagnes (la catholique traditionnaliste, la moderne ouverte au monde) autour des expulsions des musulmans et des juifs à la fin du Xve siècle, avec la mise en place d’un soupçon généralisé contre les « nouveaux chrétiens » sans cesse obligés de prouver leur « pureté de sang ». Ainsi (p. 128 sq.) de sa description des deux légendes (la noire et la blanche) sur ces conflits religieux fondateurs de l’Espagne. Aussi (p. 288 sq.) sur la fragilité de la « nationalité » espagnole à l’aune de la crise catalane centrée sur 2017.
Ce gros roman est, sans doute volontairement, composé d’une série de « fiches » sur les multiples thèmes liés au « non judaïsme » espagnol. Les digressions, « chistes », retours narcissiques, anecdotes, descriptions de lieux et de personnages, sont prises dans la trame de la quête de l’auteur depuis le jour où il décide d’obtenir la nationalité espagnole jusqu’à celui où, peut-être, il obtient son nouveau passeport. La richesse de la réflexion d’Assouline nous a séduite, même si le kaléidoscope du livre peut dérouter. Puisque Assouline s’appuie sur une énorme bibliographie (« reconnaissance de dettes »), signalons lui que, p. 433, le prénom du traducteur de Unamuno (En torno al casticismo/ Essence de l’Espagne) est Marcel (en 1923…). On a essayé de faire venir l’auteur au Maghreb Orient des livres… partie remise?
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