La peste: actualité de Camus

Ce livre de 1947, je le relis pour m’apercevoir que je n’avais gardé que quelque images fugitives. Il faut le replacer dans l’immédiat après seconde guerre moniale: vivre dans l’exception, l’attente, la séparation a été pendant cinq ans le quotidien de gens ordinaires, que rien ne portait vers l’héroïsme. C’est sans doute la description de l’immense incertitude qui recouvre la vie des Oranais qui m’a le plus frappé dans cette relecture à la lumière du confinement, actuellement plus de deux mois, à Oran un an… Sous le manteau de désastre qui recouvre la ville, un immense espoir qui tient en quelques mots. C’est à l’instigation de nos amis de Coup de soleil à Lyon que j’ai choisi de publier ce texte. https://www.coupdesoleil-rhonealpes.fr

[Gallimard 1947, p. 331]:

« Du port obscur montèrent les premières fusées des réjouissances officielles. La ville les salua par une longue et sourde exclamation. Cottard, Tarrou, ceux et celle que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés. Le vieux avait raison, les hommes étaient toujours les mêmes. Mais c’était leur force et leur innocence et c’est ici que, par-dessus toutes les douleurs, Rieux sentait qu’il les rejoignait. Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu’au pied de la terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s’élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de la justice et de la violence qui leurs avaient été faites, et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »

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