Géographie des airs, François Durand-Dastès, 1969, collection Magellan N° 4, 275 p.
François Durand-Dastès nous a quitté en décembre 2021. J’ai mis quelque temps à retrouver, dans les rayons mal classés de « géographie générale » de ma bibliothèque (problèmes urbains, ruraux, naturels ?), son livre Géographie des airs, dernier volume de « géographie générale » de la collection Magellan, aux Presses universitaires de France, en 1969. Cette collection, dirigée par Pierre George, comporte initialement 30 volumes, donc essentiellement des petits manuels qui couvrent le monde entier en une sorte de Géographie universelle.
Les géographes de notre génération, en France, en début de carrière autours 1968, se préoccupaient de boucler au plus vite leur « thèse de doctorat d’État », moyen d’accéder aux postes de professeurs de l’enseignement supérieur. Au plus vite, c’était au moins une dizaine d’années le plus souvent. Les volumes de Magellan était donc pris en main par des collègues plus vieux, déjà arrivés. Trois exceptions pour Pierre Gentelle (Chine), Yves Lacoste (sous-développement), François Durand Dastès (géographie des airs).
Prendre en charge un petit manuel était un travail léger pour qui puisait dans ses propres dossiers professionnel, dans sa spécialité. Il est clair que pour plus du tiers de sa Géographie des airs, François a dû explorer des champs totalement extérieurs à son domaine scientifique, les climats du monde. Il commence par une mise à jour claire et concise de ce qui avait été le gros livre de Maximilien Sorre, Les fondement biologique de la géographie humaine, 1943. Un ouvrage à l’époque très original, mais aussi indigeste par sa taille que par l’accumulation de fiches successives. François poursuit avec les problèmes essentiellement urbains de pollution atmosphérique, à peine abordés en France : hors de Londres et Los Angeles qui s’en souciait alors ? Il continue avec les transports aériens, encore un problème lié aux grandes métropoles du monde, mais qui concernait une très minces couche de privilégiés et restait encore comme un sous-produit de l’activité militaire de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide qui en avait pris le relais. Il conclut avec le monde des télécommunications et de la naissance des communications de masse, pour montrer le développement de l’usage, voire de l’encombrement, de l’atmosphère par les besoins de la radio et de la télévision, en signalant que des engins appelés satellites de télécommunication viennent de naître au dessus de l’atmosphère et qu’ils vont peut-être changer la donne, là aussi en connexion avec les besoins militaires. Toute une géographie entièrement nouvelle de la technologie du monde « développé » où s’affrontent Etats-Unis et Union soviétique.
François publie ce livre à 39 ans. Maximilien Sorre avait lancé le premier tome de ses Fondements de la géographie humaine à 63 ans, pour conclure le dernier volume à 72 ans.
Peu nombreux en 1969 étaient ceux qui utilisaient le terme de systémiquepour exprimer l’explication des phénomènes géographiques. François s’y lançait tranquillement.
Pour moi, parallèlement à la géographie des réseaux administratifs, celle des communications de masse a formé un chantier que j’ai voulu explorer dans les années 1970, avec peu de succès et peu de continuité, mais le livre de François me confortait dans l’idée que c’était un thème légitime au sein de la géographie.
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