Amicale des Soufis : retour au Souf en 2007
J’ai conté mes deux expériences antérieures au Souf, en 1953 et en 1960. J’y suis revenu en 2007 grâce à ma participation à un voyage où étaient accueillis des membres de l’Amicale des Soufis, association composée essentiellement d’anciens enseignants qui ont travaillé au Sahara depuis les années 1950 jusqu’aux années 1970, en écoles primaires puis en collèges. Ce voyage était destiné à célébrer le centenaire de la fondation de la première école dans la ville de Guemar (1907). Des expositions dans les écoles (El Oued, Guemar, Kouinine, etc.) en ont montré les archives, une classe des années 1950 a été reconstituée et des messieurs de 50 ans se sont assis sur leurs bancs d’écoliers, applaudis par leurs anciens instituteurs. Des enfants ont réappris dans la cour des jeux d’autrefois, un défilé de jeunes en costumes a retrouvé l’ambiance d’un Souf où les nomades plantaient à l’automne leurs tentes en bordure des nezlas, où les élèves marchaient à pieds, où s’organisait une cantine scolaire. Azzedine Zoubeidi a rappelé que quelques élèves sont partis en France en colonies de vacances dans les années 1950.
Au retour du voyage, j’ai résumé mes impressions dans le texte ci-dessous.
Presque cinquante ans plus tard, je retrouve le Souf, dont je soupçonnais la formidable transformation grâce au livre de Marc Côte (Si le Souf m’était conté, Constantine, 2006). Les 100 000 habitant de l’Annexe d’El Oued sont devenus les 700 000 habitants de la Wilaya. La petite ville de 12 000 habitants, El Oued, est devenu une grosse agglomération de 120 000 habitants, étendue de Amiche à Kouinine, à peine séparée d’une Guemar devenue ville. Toutes les villes et villages anciens ou nouveaux ont la route goudronnée, l’électricité, l’eau courante. Grâce aux forages profonds, une agriculture mécanisée développe une nouvelle prospérité pour la datte, pour la pomme de terre et l’olivier. Sa position internationale (qui exploite la proximité des frontières tunisienne et libyenne) a fait d’El Oued une très grande place commerciale dont la croissance est dépassée par les besoins d’un urbanisme qui essaie de résoudre son problème de drainage. Des industries très modernes sont nées. L’Etat Algérien a donné aux Soufis l’enseignement partout présent, qui va jusqu’à l’université, le sport, un système sanitaire.
Les Soufis affirment leur identité au sein d’une société Algérienne de plus en plus complexe. L’accueil qui a été organisé par Guemar et par El Oued pour les anciens
enseignants retournés en France montre comment cette identité plonge dans une modernité franco-algérienne née de l’usage du français : des enseignants francophones de plus en plus nombreux jusqu’aux années 1970 ont marqués les élèves Soufis qui sont maintenant des femmes et des hommes de plus de 45 ans. Les archives des écoles, soigneusement préservées, sont symbole de cette modernité. Soyons nombreux à aider au développement de cette culture franco-algérienne qui se développe en ce moment au Souf.
Souf, 2007, El Oued ville moderne, depuis l’hôtel
2007, une élève de Guemar et Françoise Bataillon
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