Cinquantenaire du latino-américanisme moderne en France : la revue Caravelle
Un an après la fin de la guerre d’Algérie, le symbole du « redéploiement » de la politique française dans le Tiers-Monde est la naissance, à Toulouse, de la revue Caravelle. Qui se souvient que c’est le nom du fleuron de l’époque de l’aéronautique française, la future entreprise Airbus ?
L’intérêt de ce numéro spécial de la revue « Regards sur 50 ans de latino-américanisme », n° 100, 2013, 323 p., est bien sûr dans la longue durée, mais aussi une continuité exceptionnelle ici célébrée : parution très régulière bisannuelle, longévité des directeurs (surtout Georges Baudot), équilibre peu modifié entre histoire culturelle et littérature, présence dans cette revue française, en espagnol, de textes littéraires, puis d’articles « scientifiques », alors que longtemps ne publier qu’en français était une règle que personne n’osait transgresser.
Pas de hasard pour expliquer cette permanence : les efforts « latino-américanistes » en sciences sociales, comme pour les autres études d’aires culturelles, supposent que des protagonistes acceptent le risque d’être marginalisés dans leur corporation (économistes, sociologues, géographes, etc) et sauf exceptions ne peuvent le faire en permanence. Chez les littéraires et les historiens de la culture (souvent issus de filières littéraires) il y a coïncidence entre champs disciplinaire et aire culturelle, donc moindre risque et meilleure continuité.
La richesse de cette livraison de Caravelle est de remonter à la fin du XIXe siècle (Mona Huerta), de montrer les changements actuels, de sortir de l’orbite universitaire (Anne Marie Métaillé pour le monde de l’édition), de recueillir des témoignages inédits (Rodolfo Leroux, Romain Gaignard qui livre grâce à Martine Guibert bien plus que ce qu’il nous avait donné antérieurement).
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