Benjamin Stora, Retour d’histoires, Bayard, 2020, 161 p.
Son expérience d’historien du Maghreb : c’est ce qui a permis à Benjamin Stora d’écrire vite une interprétation du « hirak » algérien, enracinée dans les fondamentaux de femmes et d’hommes qui, plus que tous autres, doivent « aimer leur pays en restant à l’affut des bruits du monde ». Ils doivent « opérer une jonction entre la poursuite du processus de démocratisation que la rue réclame, et la volonté de préserver l’unité nationale, de ‘faire nation’ ».
A la lumière des événements récents, il survole ce que fut le règne de Bouteflika pendant deux décennies, comment ce règne prend la suite de près de quarante ans d’une République autoritaire et jacobine née et poursuivie sous contrôle de l’armée, comment les profondes mutations de la société algérienne expliquent un effondrement pacifique en quelques semaines, quand ni l’islamisme ni le nationalisme n’assurent plus d’horizon politique. Les réflexions de Stora se fondent sur beaucoup de livres (dont les siens…), mais aussi sur tant de films qui témoignent sur cette société algérienne.
Rappelons que Stora n’est pas seulement un historien expérimenté, son livre présenté au Maghreb Orient des livres de 2019 « 68 et après »remémore son passé de militant politique qui a appris que dans l’histoire « les révolutions ouvrent l’horizon des possibles ». Le nouveau, ici, est l’émergence de l’individu dans des sociétés où jusqu’à il y a peu, seule comptait la communauté (familiale, religieuse, nationale, mais quelle nation pour un algérien ?) On retrouve les réflexions du sociologue Danilo Martuccelli, dont le travail se situe non pas au Maghreb mais en Amérique latine http://alger-mexico-tunis.fr/wp-admin/post.php?post=1405&action=edit
Benjamin Stora, grâce à ce petit livre, a été un des acteurs de la grande table ronde « Algérie : nouveau départ » au Maghreb Orient des livres de 2020 https://www.youtube.com/watch?v=hsJfH0SD0I8.
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